"Si je devais me réincarner, je ne serai qu'un brin d'herbe comme les autres."
J'ai mal pour toi.
"J'emmerde le bon Dieu, moi."
]]>J'aimerais écrire un livre, mais comme tout ce que je voudrais faire, cette envie m'échappe alors que j'y songe intensément. Cette page blanche m'arrache la rétine, dans l'écran qui me fait face.
Lorsque je me pose la question « Pourquoi écrire ? », l'amour des mots s'impose à moi. Que ce soit un crayon dans la main ou un clavier sous les doigts : je suis comme un enfant devant une étoile filante, les lettres se lient et les mots se mélangent. Pourtant, mon égocentrisme doit s'exprimer par là, je voudrais égoïstement être lu, et généreusement offrir à quelque lecteur que ce soit le plaisir de quelques phrases.
Je pressens que l'écriture est un travail immense, et pourtant je ne peux me débarrasser de l'idée qu'elle doit filer sous l'inspiration soudaine d'un esprit en ébullition. Tous ces écrivains admirables auraient donc écrit leurs chefs d'œuvres en la tranquillité de leur chanceux esprits ? Sans qu'aucun travail ne soit fourni ? Je sais que tout cela est impossible, l'écrivain doit être en constant questionnement sur ce qu'il écrit, sur ce qu'il va écrire. C'est un travail comme les autres, après tout, il serait paradoxal qu'il ne nécessite aucun effort.
C'est trop bête, je voudrais écrire un roman, mais rien qu'à l'idée de devoir choisir un prénom à un personnage me bloque. Je vois de nombreux possibles, et tout à coup un éboulement me barre le passage. Le pire dans tout cela, c'est que je suis persuadé que la résolution de ce premier problème ne m'avancerai à rien, car un second se présenterai alors.
Le fait est que l'écriture est une succession d'effort laborieux, qui peut-être ne paieront jamais. Un jour, je m'y mettrai. Je suis persuadé que je peux le faire, je dois en avoir les capacités.
En attendant...
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Je vois en rougissant, et j'ai bien peur, de répéter tout ce qui a déjà été dit par cette multitude de personne qui avant ma naissance surpassaient déjà mon orgueil. J'ai cru comprendre ce qu'était la littérature, ce qu'était l'art, ce qu'était la vie, avant même d'avoir compris comment admirer toutes ces choses. Maintenant, je n'aurais plus cette prétention. Je serai humble et comprendrait que, loin d'être en connaissance de tout, je serai en connaissance d'un tout.
Ce que je voudrais, c'est aiguiser ma perception, c'est apprendre à comprendre en sentant. Cela éclos enfin en moi, j'arrive à exprimer ce sentiment, ce désir qui me dévorait depuis plus d'un an : le désir d'observer. Pas les faits de sciences et d'actualités, non. Mais d'observer la vie. J'avais déjà sans me le dire le pressentiment que cela ne pouvait se faire que par l'art. En regardant Elephant, l'an dernier, j'avais cru entrevoir une vision du monde. Dans l'objectif de la caméra, mon œil suivait furtivement le dos de ces individus perdus dans les couloirs du lycée, dans le dédale de la vie. En lisant le roman de Gide, j'ai vu dans l'œil d'un dieu tous les possibles du réel.
Serait-ce alors cela ? Comprendre la vie, ce serait comprendre ses possibles ? Je ne reste pas passif observateur, ça non. Mais je voudrais regarder et comprendre chaque corps, chaque idée, et chaque lien qui les unit. Et si un jour je les comprends, essayer de les écrire, ou de les former en image, de faire un film.
Je me suis nourris des espoirs de Bernard, d'Olivier. Je me suis retrouvé dans des pensées d'Armand, d'Édouard. Je crois que j'aime Gide, il faudrait que je le lise mieux. En attendant, j'ai retrouvé, en partie grâce à cette lecture, l'espoir. J'ai redécouvert le fait que la vie ne se résumait pas à un boulot et une vie de famille, mais que quelque chose de bien plus profond s'y passait en chacun de nous.
Velléité.
Rémy.
Hier soir, j'ai vu Melancholia, de Lars Von Trier. Et... Il faut que j'en parle, parce que ce film mérite que l'on parle de lui, et aussi parce que ce film parle de lui-même, il parle de nous, de l'Homme.
Comme d'habitude, Von Trier veut montrer les faiblesses de l'homme. Pourtant, tout laisse à croire que les personnages vont être heureux, un magnifique mariage, un couple amoureux, un paysage presque onirique. Tout est faux.
A grands renforts de regards éloquents, de gestes fébriles et de confessions lugubres, on comprend vite que tout cela n'est qu'un terrible mensonge. Tout comme il ment tous les jours, l'Homme a ici inventé une cérémonie basée sur le mensonge, le mensonge du bonheur, le mensonge de l'amour. Rien est vrai, on le voit dans les yeux de Justine (Kristen Dunst), on le sent dans ceux de Claire (Charlotte Gainsbourg). Michael, le mari, n'est qu'une représentation de la Stupidité de l'Homme. L'ambiance même montre que la vie Humaine n'a aucun sens, elle n'est qu'attente d'un événement dont tout le monde ignore la spécificité. L'Homme attend quelque chose, et en attendant cette chose, il n'a rien d'autre à faire que d'agir terriblement : il n'y peut rien, il est mauvais par nature.
D'ailleurs, chaque personnage est la représentation d'un agissement mauvais. Justine est le Mensonge, son mari est la Stupidité incarnée, Claire représente la Peur de l'homme. La mère de Justine et Claire a déjà tout compris : elle n'attend plus rien de la vie, ni des hommes. Le père de Justine et Claire ne fait que profiter de ce qui lui arrive. Le Patron de Justine représente la perversité de l'Homme par l'argent. L'employé possède à lui tout seul toute la recherche du profit du monde, que ce soit le profit financier ou le profit relationnel ou sexuel. Le Mari de Claire n'est qu'un Passionné Idiot, qui fait semblant de ne pas voir arriver sa Mort.
Au milieu de tout ça, on a une figure enfantine, Léo, le fils de Claire, qui ne fait que copier les adultes qu'il rencontre, comme le font tous les enfants. Lui aussi finirait par copier tous ses mauvais agissements s'il n'y avait pas Melancholia. Cependant, pour l'instant, il reste innocent, c'est le seul qui mérite la Pitié. Mais il ne l'aura pas. « The Earth is evil. » comme dirait Justine. Elle est condamnée.
Le film se finit, une explosion, puis le noir. Je n'avais rien compris jusqu'aux dernières minutes, rien compris à ce que le Réalisateur voulait dire. Mais je n'ai compris qu'à la fin, quand Melancholia impose à l'homme de comprendre son erreur. Tout ça m'a donné la nausée, vraiment. Je n'ai pas été mal comme ça après avoir regardé un film depuis Requiem For A Dream.
Mais ce film est à voir. Je le conseille à tous ceux qui pourraient être sensible à la beauté dramatique des films de Lars Von Trier.
Rémy.
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